vendredi 26 juin 2009

Que tal ?

Goya, Les vieilles, fragment. palais des Beaux Arts de Lille.

Alexanderplaätz, Berlin, U-Bahn, avril 2009.
J'aimais la lumière dans son regard quand elle expliquait en français, fière de pouvoir aligner quelques phrases, qu'elle avait appris un conte étant enfant et qu'elle pouvait encore le réciter maintenant, à l'âge qu'elle avait. Fière de pouvoir encore transmettre cela, le récit. Le récit du conte dont le sens ne se déforme pas. Transmettre le sens. La musique.
J'aimais qu'elle n'ait pas de retenue et qu'elle se confie ainsi naturellement, à nous qui lui étions étrangers. Peut-être une vertu de l'âge que ce don gratuit et ce sourire vers l'autre qui n'est pas soi. Cette confiance en l'autre. Cette acceptation. Beau de l'avoir préservée à travers le temps quand toute l'époque construit le contraire : individualisme, peurs et repli.
A moins que la vie ne nous apprenne cela. L'ataraxie (Lucrèce encore...!), le détachement.
Quand vous serez bien vieille le soir à la chandelle
Assise auprès du feu, dévidant et fumant...
carpe diem...
Pas si simple.
Vision de ses doigts noueux déformés par l'arthrose. Que restera t'il d'autre que ce que nous aurons dit, écrit et partagé? Et pourtant, partage réel, vraies rencontres si rares, si difficiles...
Des yeux qui disent l'âme avec un sourire autour. Loin de la comédie humaine. Un visage en oubli du corps et de la frénésie du monde.
Le nôtre aussi peut être, quand tombe le masque.


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