lundi 3 septembre 2012
mercredi 20 juillet 2011
La mémoire neuve
James Salter, Une vie à brûler, préface.
mardi 19 juillet 2011
chapitre 4
Pendant des mois j'ai revu la scène, l'inconnu enfermé qui hurlait et pissait son sang dans la nuit juste contre ma vitre. Les portes bloquées de la Renault. Une prison d'acier en travers de la nationale. Le bruit des freins des poids lourds qui viendraient s'encastrer sur nous, la brume qui poissait le pare-brise. La chauffarde à la BM assise dans le fossé pestait. Les secours n'arrivaient pas assez vite. Lorsqu'ils nous ont désincarcérés enfin - d'abord moi, puis ils ont transporté l'homme - je ne pouvais plus bouger ni parler. Je ne pensais qu'à celui qui devait dormir encore dans la maison sur la plage. Je savais qu'il serait furieux.
Je ne sais pas si l'accident est vraiment à l'origine de cette phobie au volant. En fait, les symptômes étaient apparus avant. Mais il y a bien un avant et un après. Une forme de mythologie toute personnelle s'est nouée en ce moment précis. L'homme encore enfermé dans son véhicule et mon incapacité à approcher de lui, à lui parler même pour le rassurer. Sa machoire ensanglantée collée au carreau, les yeux écarquillés comme un poisson qui cherche l'oxygène. Ma terreur muette. Comme si j'assistais à un scenario catastrophe dont j'étais l'actrice impuissante. Les images s'enchaînaient, violentes, saccadées, saturées de froid, de boue et de nuit.
En jetant mes valises dans le coffre ce matin-là, j'ai repensé à l'accident et aux heures qui ont suivi, à tout ce que j'aurais dû dire à cet homme pendant qu'il mourait de peur au milieu de la route.
mardi 5 juillet 2011
chapitre 2
lundi 23 août 2010
Ode au soleil
dimanche 22 août 2010
Blue note in Marciac
De Marciac je retiendrai les tournesols sous toutes leurs formes, les vignes à l'infini, le ciel lourd, le foie gras et le confit, les discussions jusqu'à pas d'heure à l'écoute de France musique en direct du festival et puis et puis bien sûr les mains fortes, le toucher lourd et puissant d'Allen Toussaint. Pas pu le filmer en direct, rappel à l'ordre oblige, les pianistes ont échappé à mon objectif. Bah, pas grave, l'émotion est là, en moi, comme dans la salle. Un homme perdu dans un grand costume bleu, des yeux qui crèvent l'écran, un rythme et une chaleur incroyables, du jazz de la Nouvelle-Orleans, nourri, drôle, triste et lourd. Des mains et des yeux splendides qui ont relégué loin derrière en ma mémoire tous les autres... Wynton Marsalis, dans une deuxième partie qu'on a commenté sur les ondes comme "historique", m'a semblé à moi bien scolaire et tradi, à des années lumière du vieux bonhomme au costume bleu qu'on ne pouvait quitter des yeux...Faible féminin, va savoir!