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lundi 3 septembre 2012

mercredi 20 juillet 2011

La mémoire neuve

"Ce que j'ai fait, c'est écrire sur les gens et les événements qui furent importants pour moi, et dire la vérité bien que ne me fiant, ici et là, qu'à la seule mémoire. Votre langue est votre pays, disait Léautaud, mais on peut en dire autant de la mémoire qui est aussi, de par la marque qu'elle laisse, une aune à quoi se mesure la valeur des choses. Je suppose que l'on pourrait tout aussi bien soutenir le contraire, que ce que l'on choisit d'oublier est tout aussi révélateur, mais passons. (...)

Si vous pouvez voir un instant la vie comme une grande maison avec chambres d'enfants, séjour, salle à manger, chambres, bureau et ainsi de suite, aucune qui vous soit familière, mais toutes bien éclairées, les chapitres qui suivent équivalent, d'une certaine manière, à regarder par les fenêtres de cette maison. (...) Revisiter le passé était comme de traverser constamment un Bergschrund, le profond abîme entre ce qu'était ma vie avant que je ne la change complètement, et ce qu'elle fut par la suite.(...) J'ai donc écrit seulement sur certaines choses, l'essentiel à mes yeux. Tout le reste est banal."


James Salter, Une vie à brûler, préface.

mardi 19 juillet 2011

chapitre 4

Ce jour-là j'ai roulé pendant des heures. La wolkswagen avalait la route et je me sentais une force de damnée. C'était longtemps après l'accident. J'avais fait deux valises, et rien ne pouvait plus m'arrêter. Pendant toutes ces années impossible de toucher un volant sans une sensation d'oppression opaque, l'impression que l'asphalte défilait sous les roues comme le tapis mécanique d'un grand magasin qui aurait perdu son frein. Impossible de contenir la vitesse de cette bande qui très vite entraînerait la voiture, la happerait dans un précipice. Nausées, vertiges, syncope. Tout m'échappe. Il faut s'arrêter vite pour reprendre son souffle et ralentir le rythme endiablé du coeur, permettre à la respiration de revenir, desserrer la main qui serre la gorge jusqu'à l'évanouissement. Phobie du volant a dit le psy. Des années, sans pouvoir maîtriser cela. C'est fini.


Pendant des mois j'ai revu la scène, l'inconnu enfermé qui hurlait et pissait son sang dans la nuit juste contre ma vitre. Les portes bloquées de la Renault. Une prison d'acier en travers de la nationale. Le bruit des freins des poids lourds qui viendraient s'encastrer sur nous, la brume qui poissait le pare-brise. La chauffarde à la BM assise dans le fossé pestait. Les secours n'arrivaient pas assez vite. Lorsqu'ils nous ont désincarcérés enfin - d'abord moi, puis ils ont transporté l'homme - je ne pouvais plus bouger ni parler. Je ne pensais qu'à celui qui devait dormir encore dans la maison sur la plage. Je savais qu'il serait furieux.



Je ne sais pas si l'accident est vraiment à l'origine de cette phobie au volant. En fait, les symptômes étaient apparus avant. Mais il y a bien un avant et un après. Une forme de mythologie toute personnelle s'est nouée en ce moment précis. L'homme encore enfermé dans son véhicule et mon incapacité à approcher de lui, à lui parler même pour le rassurer. Sa machoire ensanglantée collée au carreau, les yeux écarquillés comme un poisson qui cherche l'oxygène. Ma terreur muette. Comme si j'assistais à un scenario catastrophe dont j'étais l'actrice impuissante. Les images s'enchaînaient, violentes, saccadées, saturées de froid, de boue et de nuit.



En jetant mes valises dans le coffre ce matin-là, j'ai repensé à l'accident et aux heures qui ont suivi, à tout ce que j'aurais dû dire à cet homme pendant qu'il mourait de peur au milieu de la route.

mardi 5 juillet 2011

chapitre 2

Dans le coffre poussiéreux il y a toutes les dernières pages. L'encre sèche n'a pas perdu de son pouvoir et les mots presque effacés font encore mal. Comme toucher du bout des doigts une plaie mal refermée. On appuie sur la cicatrice boursouflée et la douleur remonte de loin. A l'époque j'écrivais tous les jours pour tenir. Pour donner un sens au chaos. La vie à l'envers. La vie malade. Comme un coureur qui s'échappe dans l'effort. Loin de son corps.


Le corps, je ne savais pas. C'est la part interdite de l'enfance, la part gelée.

le corps c'est d'abord cet homme nu dressé devant l'évier. Tout blanc. Debout dans la cuisine, il se rase. Les mains lourdes, solides, le dos large. Il met de l'eau partout et s'accroche aux murs, aux objets. C'est la première fois que je vois un corps nu. La chair. Le sexe mou. Les épaules. Mélange d'effroi et de fascination pour celui-ci que je connais et que je ne peux reconnaître comme mon grand-père. Le corps qui cherche sa place. Hésitant comme une bête qui se cogne dans l'arène. Si homme encore malgré l'âge et la cécité.

Bien plus tard il finit sa vie dans un lit de l'hôpital des mines, tousse et crache à mourir et je revois son corps d'avant maintenant replié sous les draps, sa vigueur imposante ce matin-là dans l'odeur du café bouilli et du savon à barbe. Dans le poste la voix de Pierre Bellemarre. C'est pour toujours la voix des séjours Fosse 13.



lundi 23 août 2010

Ode au soleil

Campagne de Viella, Gers, Juillet 2010.
Serait-ce qu'il nous manquerait déjà ?Point de tournesols en terre des Flandres. Allons bon, les betteraves ont aussi leurs charmes, non..?

dimanche 22 août 2010

Blue note in Marciac
















De Marciac je retiendrai les tournesols sous toutes leurs formes, les vignes à l'infini, le ciel lourd, le foie gras et le confit, les discussions jusqu'à pas d'heure à l'écoute de France musique en direct du festival et puis et puis bien sûr les mains fortes, le toucher lourd et puissant d'Allen Toussaint. Pas pu le filmer en direct, rappel à l'ordre oblige, les pianistes ont échappé à mon objectif. Bah, pas grave, l'émotion est là, en moi, comme dans la salle. Un homme perdu dans un grand costume bleu, des yeux qui crèvent l'écran, un rythme et une chaleur incroyables, du jazz de la Nouvelle-Orleans, nourri, drôle, triste et lourd. Des mains et des yeux splendides qui ont relégué loin derrière en ma mémoire tous les autres... Wynton Marsalis, dans une deuxième partie qu'on a commenté sur les ondes comme "historique", m'a semblé à moi bien scolaire et tradi, à des années lumière du vieux bonhomme au costume bleu qu'on ne pouvait quitter des yeux...Faible féminin, va savoir!





dimanche 29 novembre 2009

Au balcon

Bordeaux, 18 Novembre 2009.

Le bleu du ciel, la caresse d'un rayon automnal, un peignoir rose... Carpe diem...
Bon, d'accord, pas évident de prendre la même à Lille..!

dimanche 22 novembre 2009

le lieu commun

Etretat, Novembre 2009. Nocturne.

Falaises et barques jaunes à Etretat, E.Boudin, Musée Malraux Le Havre. Novembre 2009.


Etretat, Novembre 2009.

Le lieu commun. Marcher dans les traces des autres. Revenir sur mes pas. Et si la cohésion de notre être devait beaucoup aux lieux et aux routes...

mardi 17 novembre 2009

la mer, la vie, le havre

Le Havre, Novembre 2009.

Retrouver le Havre... la vie.