vendredi 29 octobre 2010

ciel voilé




En tête, de bois


"J'ai toujours cru que lorsqu'un homme se met dans la tête de venir à bout d'un projet quelconque et qu'il ne s'occupe que de cela, il doit y parvenir malgré toutes les difficultés; cet homme deviendra grand vizir, il deviendra pape, il culbutera une monarchie pourvu qu'il s'y prenne de bonne heure."


Giacomo Casanova, Histoire de ma fuite des prisons de la république de Venise.

mercredi 27 octobre 2010

égarement pensif

André Kertész, Le nuage égaré, New York, 1937.
A propos des photographies d'André Kertész, Roland Barthes avançait l'idée d'une "photographie pensive". Que d'émotion dans ce petit nuage éperdu de poésie, si léger et fragile, frôlant le building de béton armé qui lui barre la route. Que vivent le vent, le souffle et la vie... La ville serait bien terne sans les petits nuages pour guider l'âme vers le ciel n'est-ce pas ?


C'est le seul nuage, mais d'autres belles photographies "pensives" et tendres de Kertész sont visibles en ce moment à la galerie nationale du Jeu de Paume.

lundi 25 octobre 2010

l'envers du décor

L'atelier du peintre Eugène Leroy.
A l'envers du tableau, il y a un homme seul enfermé avec une matière qu'il triture. La matière, c'est sa vie. Projetée sur la toile, comme des mots englués qu'on travaille pour faire surgir une forme. Tout est sale et poisseux par terre, autour. Et il pourrait choisir de piétiner dans cette boue. Et cette boue pourrait aussi bien l'engloutir, le recouvrir. Il en est qui nettoient, qui aseptisent et ferment les yeux. D'autres qui pataugent. Lui, ouvre les yeux, combat et donne à voir. C'est peut être cela qui fait le peintre, ce risque-là.

la sensation

Eugène Leroy, Etreinte, 1956.

E.Leroy, Fenêtre, 1965.


E.Leroy, Fleurs rouges, 1964.




E.Leroy, Abstrait vert, 1954.



E.Leroy, Au bord du canal, 1935.
" La sensation, c'est ce qui est peint. Ce qui est peint dans le tableau c'est le corps, non pas en tant qu'il est représenté comme objet, mais en tant qu'il est vécu comme éprouvant telle sensation."
Gilles Deleuze.
Eugène Leroy, à découvrir au MUba, à l'occasion de l'exposition du centenaire que lui consacre le musée tourquennois. Des toiles parfois immenses, chargées de matière, sombre, colorée, vibrante. Cinq toiles pour vous arrêter comme moi, plonger dedans ou prendre du recul, comme il vous plaira...




dimanche 24 octobre 2010

à deux mains, à quatre mains

Peter Wettre, saxophones soprano et tenor.

le toucher d'Alfio Origlio.

"Third round", dernier opus de manu Katché au festival de Tourcoing. Le jazz se regarde encore plus qu'il ne s'écoute ...

samedi 23 octobre 2010

Fenêtre sur coeurs

Les adieux du permissionnaire, Willy Ronis, Paris, 1963.

vendredi 22 octobre 2010

magie bleue dans les pas du géant



MacCoy Tyner, piano


Eric Kamau Gravatt, batterie.


Gary Bartz, saxophone.



Gérald Canon, contrebasse.

Le Mac Coy Tyner quartet, de passage au festival de Tourcoing. Echappée belle dans les pas de Coltrane...




L'attente

Paris, Octobre 2010.

mercredi 20 octobre 2010

Solitude(s)tanding

Fondamente Nuove, Venise, 1959.Willy Ronis.

Venise, 1959. Willy Ronis, Nogent sur Marne.
Dans la rue, sur le pont, là bas, ici, des moments intérieurs, personnages perdus dans leurs pensées, captés par Willy Ronis en 1959. Instantanés des émotions intemporelles, à partager à Nogent sur Marne, en ce moment...
Petite association impromptue ici.



clandestins

manifestation Octobre 2010.
Ce pourrait être l'affiche d'appel du long métrage que signe Olivier Masset-Depasse et que vous ne devez pas manquer. Coup au coeur. Bien sûr on sait que la vie d'un sans papier est précaire et difficile. Cacher son identité, accepter n'importe quel travail pour nourrir les siens, avoir peur dans la rue, n'avoir aucune protection, n'avoir pas d'autre choix que de masquer, courir, fuir, souffrir, être arrêté un jour, menacé d'expulsion, renvoyé là où la vie n'est plus possible... On sait tout cela, oui, mais on ne l'oubliera plus jamais après avoir vu "Illégal" et le visage fermé, concentré d'Anne Coesens qui incarne Tania, une mère russe, arrêtée par la police de l'immigration et envoyée en camp de rétention fermé. Une mère suspendue à quelques secondes d'échanges via les ondes avec son fils Ivan. Une mère martyre aux doigts brûlés, une mère enfermée, traînée, menacée, battue, debout jusqu'à plus vie. Des scènes insoutenables et justes, juste pour dire ce qui est, la réalité du sort de ces zones de non droit que peuvent être les camps de rétention, la violence, la double peine, au quotidien, partout autour de nous. C'est du cinéma réalité qui rappelle celui des frères Dardenne, en plus fort peut être. Pas de pathos pourtant, il suffit de lire les corps et les visages, leur histoire crève l'écran. Après "Welcome" de Philippe Lioret il y a quelque temps, "Illegal" donne le coup de grâce. Rien que du cinema.

lundi 18 octobre 2010

cité lumière

Venise, Felix Ziem, huile sur bois, musée de la Piscine

"Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait."

N.Bouvier, L'usage du monde.


vendredi 15 octobre 2010

Paris Kertész

André Kertész, Place de la Concorde, Paris, 1928.
300 oeuvres originales de celui que Cartier Bresson considérait comme son maître, de la Hongrie natale au Paris des années 20... C'est au Jeu de Paume, jusqu'au 2 février. Ou comment aimer la pluie, à Paris, demain ...


dimanche 10 octobre 2010

Le blues de Woody

Octobre 2010.
Le titre fait songer aux romans à l'eau de rose de la série Arlequin. Mais on perdra vite cette illusion aussi. Âprement légère la dernière comédie des sentiments livrée par Woody sonne dur. Anthony Hopkins court pour remonter le temps et patine dans la boue, pantin pathétique s'agitant frénétiquement pour conquérir une jeunesse perdue qui ricane à son oreille. On ne rachète ni le temps, ni le désir, ni l'amour. Réalité cruelle qui s'impose dans sa nudité, celle du corps qui ne répond plus à moins d'artifices ponctuels. Le temps d'une illusion qui se paye. Mais la jeunesse ne fait pas tout. Le personnage de sa fille, joué par Naomi Watts, se cogne aussi à la désillusion conjugale, et figure une autre génération confontée au désenchantement, à l'échec des projets, aux mensonges du couple. Point de salut non plus pour le mari infidèle qui n'hésite pas à usurper le manuscrit d'un ami pour s'assurer la gloire littéraire. Seule la mère épouse abandonnée qui remet son destin et le sens de sa vie aux mains d'une voyante, sauve un peu le groupe en assumant jusqu'au bout l'échappée hors d'une réalité insoutenable. Après le troublant Match point, Woody persiste et signe dans une veine londonienne plus noire encore. C'est lourd et léger comme du Shakespeare. Difficile comme les choses de la vie.

dimanche 3 octobre 2010

En regard


"La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur
Un rond de danse et de douceur
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu."
P.Eluard, Capitale de la douleur.