dimanche 31 janvier 2010

Quel Mahler...

O.Kokoschka, La fiancée du vent, 1914.
Ils s'aimèrent d'un amour passionnel et violent. C'est lui qui lui dédie le tableau. La jolie tête d'Alma repose confiante et aimante sur son épaule... Sut-il accueillir cet amour à sa mesure? Peut être son tort a t'il été de ne pas y croire, de ne pas lui faire confiance. Elle l'aimait pourtant en oubli d'elle-même...
Le buste d'Oscar apparaît hiératique, presque en retrait, statufié. Il garde les yeux ouverts. Elle, elle donne, sans retenue. C'est là l'amour tout nu.
"l'amour de toi qui te ressemble
C'est l'enfer et le ciel mêlés"
Aragon, Elsa.

samedi 30 janvier 2010

Préparer la fête

Chagall, La vie, détail, fondation Maëght, Saint Paul de Vence

vendredi 29 janvier 2010

construire sa maison

"Il me semble que les murs de ma maison sont faits de ces magnifiques journées d'automne que je passai dans les bois à extraire des pierres. Non que j'aie soustrait du calcaire des blocs parfaitement équarris, ni décoré mes murs à l'aide des souvenirs arrachés au beau temps. Je convoyais mon coeur et ma joie dans chaque chargement. Les joyaux que j'avais mis au jour parmi les débris ou détachés de la roche, je les imaginais formant des jambages ou des pierres d'angle le soir. Chaque jour apportait sa moisson de merveilles. Les bois recélaient des trésors inconnus. Ces deux géants antiques, le gel et la pluie, avaient habilement oeuvré; parfois, nous exhumions du terreau un affreux personnage, une pierre au visage de quartz déchiqueté ou caverneux, affublé de longues dents en cristaux de roche, ou ressemblant à un crâne de vieux chien de pierre, maltraité et mangé aux vers."

John Burroughs, Construire sa maison.
Je ne saurais trop vous conseiller la lecture de cet opuscule de J.Burroughs , naturaliste et essayiste américain du XIXème. Construire une maison ou la rénover, générer et inventer son espace vital soulève bien des questions quant au rapport des hommes à leur propre humanité. Construire sa maison c'est dessiner son univers mental, ses référents, son rapport aux autres, ses valeurs... Dans la Chine du XVIIème, le lettré Li Yu affirmait : "restaurer une demeure ou construire une maison est absolument la même chose qu'étudier ou écrire". J'ai pu le vérifier par moi-même lorsque j'ai trouvé ma maison. Une place où vivre. Une place où l'on sait qu'on sera bien, protégé. Une place qui ressemble à une identité, que l'on dessine trait à trait, patiemment pour pouvoir s'y nicher. C'est important lorsque la vie et ses violences vous entament parfois, on s'y retrouve quand on s'est perdu. Cette place n'est pas unique, on peut la recréer. J'ai eu ainsi plusieurs maisons dans lesquelles grandir, apprendre, survivre, lutter, mettre au monde et réfléchir.. Dans toutes les phases de l'existence la maison, le toît, structure l'être et le porte, l'abrite et le soutient. Hommage aux Dieux Lares...

mercredi 27 janvier 2010

La place

Martigues, été 2009.

Celle de Martigues où l'on aimerait retourner à l'ombre des platanes ou tout simplement celle de chacun d'entre nous et celle que nous occupons dans la vie d'autrui et qui définit l'essence des relations et leur sens ...
A lire absolument sur le sujet, l'écrit qui a fait connaître Annie Ernaux, La place, qui dit si bien le déchirement d'être d'un monde et d'un autre, simultanément. La conscience des origines, l'amour pour les parents cafetiers dans un petit village normand, des gens simples qui n'ont pas la maîtrise des codes et du langage, l'éloignement progressif sur le plan symbolique, de la sphère familiale, le regard tendu sur ce monde de l'enfance charnellement proche et devenu si lointain sur le plan culturel. La place dit tout cela, ou comment une femme de lettres porte sur elle-même, son parcours social et le monde d'où elle vient, un regard lucide et douloureux. La place, c'est celle qu'occupe le père, dont le corps est étendu devant la fille devenue femme qui retrace et déplie les fragments d'un attachement viscéral et d'un arrachement symbolique vécu comme une violence inéluctable. Annie Ernaux est également l'auteur d'une femme, récit bouleversant consacré cette fois à sa mère quelques années plus tard, dans lequel elle évoque la déchéance physique et psychologique de cette dernière, les tout derniers mois passés avec elle alors qu'elle perd ses capacités intellectuelles. Si les thèmes sont difficiles comme la vie, l'écriture est sans pathos, d'une grande retenue, et par là même d'une force et d'une densité que peu d'écrivains atteignent. Il faudrait encore parler de Passion simple, de Journal du dehors, de l'usage de la photo, et de tant d'autres... L'auteur de Les années, le dernier écrit publié, absolument magistral -et qui vient de sortir en Folio- mérite une lectrice inconditionnelle. Une voix unique à retrouver ici.

mardi 26 janvier 2010

Débat Burk(a)

expo miroirs d'orient, Lille musée des Beaux Arts, Juin 2009.

C'est aujourd'hui que la mission parlementaire remettra son rapport sur la burka. Belle aubaine pour continuer à occuper la scène médiatique avec des débats racoleurs qui montrent du doigt et construisent l'opinion publique à grands cris d'orfraie... Elle est pas belle notre grande démocratie humaniste occidentalo-centrée? Dépêchons-nous de légiférer pour asseoir notre liberté et condamner les sauvages et les barbares qui s'autorisent à museler et à masquer leurs femmes! Si seulement on pouvait museler d'autres gueules qui se répandent en Raoult(s) sonore(s) ... Peu importe, un bon débat sur la burka, une affichage opportun de fermeté républicaine trans partis, c'est tout bénef à deux mois des régionales... Et puis fédérer les rancoeurs et les peurs sur du repli identitaire, voilà une vieille recette qui fonctionne toujours, de gauche à droite. Après la grippe A, tremble électeur, te voici menacé par la talibanisation de la société... heureusement qu'on te donne l'occasion de réfléchir à ton identité nationale...il vaut mieux te dire à quoi tu dois penser, ça t'évitera de te perdre dans des considérations déviantes.
Au fait, quand légifère-t'on contre les coiffes des Clarisses, il faudrait peut être un peu de cohérence.. Comment ce n'est pas le problème?? Tiens, petit clin d'oeil en terres helvétiques, histoire de voir jusqu'où peut mener le populisme ...

lundi 25 janvier 2010

Poésie industrielle


expo P.Klasen, Laac de Dunkerque, Janvier 2010.
acier, machines, tuyaux, carcasses, paquebot, déchets, poulie, cables, communication, couleurs, violence, industrie, voyage, néons, usines, cheminées, béton, chantier, déconstruction, port, sirène, embarquement, départ, vacarme, contrastes, eau, fer, peau, fragilité, paupières, douceur, baiser...

Jusqu'au 13 février...

dimanche 24 janvier 2010

A l'encre

Léonard Foujita, au café, musée de la Piscine, Roubaix.
Elle pourrait être attablée dans un café du Nord et vraisemblablement c'est à lui qu'elle écrit. Ce qu'elle n'a su lui dire. Et la plume lui tombe des mains. Encore. Il faudra boire du vin. Alors peut être. Mais pour l'heure le coeur lui manque. Si elle avait vécu parmi nous elle écouterait ceci.

vendredi 22 janvier 2010

la nuit de l'âme

"Ibant obscuri sola sub nocte per umbram"
("Ils allaient obscurs dans la nuit solitaire à travers l'ombre.")

Virgile, L'Enéide.
Alors pour se réchauffer un peu l'âme, ils écoutaient cela..

jeudi 21 janvier 2010

Femme

Valentine prax, Grande figure de femme, musée de la piscine, Roubaix, Décembre 2009.
Solaire pour le public, impassible, le regard lourd en creux sous le masque. La femme de V.Prax emblématise les facettes de la vie d'une femme. Sous les couleurs du carnaval, le miroir brisé, l'oiseau aux reflets figés. Triste clown..

mercredi 20 janvier 2010

Vivre


"O mon âme, n'aspire pas à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible."

Pindare, 3ème Pythique.

mardi 19 janvier 2010

la beauté

"Je pense que la beauté est une sensation physique, quelque chose que nous ressentons avec tout notre corps. Ce n'est pas le fruit d'une réflexion, il n'y a pas de règle pour l'atteindre ; nous sentons la beauté ou nous ne la sentons pas.(...)
"Die Rose ist ohne warum ; sie blühet weil sie blühet." (Angelus Silesius, XVIIème)
("La rose est sans pourquoi ; elle fleurit parce qu'elle fleurit.")
Borges, Conférences, la poésie.

lundi 18 janvier 2010

A corps perdu

Nu masculin, rue des arts, Roubaix, Janvier 2010.

dimanche 17 janvier 2010

arbre de vie








Parc Barbieux, Roubaix, Janvier 2010
L'arbre troue le ciel et relie les temps de vie
La douleur et le doute
Je marche derrière vous
Un pas derrière le nez en l'air
J'aimerais caresser le tronc palper
L'écorce dure
Et puis cesser les pas
Juste toucher juste frémir juste m'appuyer un peu
Pour le repos et la prière
Il y a la lumière qui baigne mon visage et puis
Toutes ces pensées ramifiées qui poussent et déchirent l'instant
Comme une mémoire violente

Il faudrait enserrer l' arbre
Goûter la sève prendre la force
Retrouver le temps des sources

On entend des enfants qui jouent
Des rires bruissants
Il faut partir




L'éphémère

"(...) au bout de vingt ou trente siècle de méditation (...), nous sentons toujours cette vieille perplexité, celle que ressentit mortellement Héraclite dans cet exemple auquel je reviens toujours : personne ne se baigne deux fois dans le même fleuve. Pourquoi ne se baigne-t-on jamais deux fois dans le même fleuve ? Premièrement parce que les eaux du fleuve ne cessent de couler. Deuxièmement _ et c'est quelque chose qui nous touche métaphysiquement, qui nous cause comme un début d'horreur sacrée _ , parce que nous sommes aussi un fleuve, que nous nous écoulons aussi sans cesse. Le problème du temps est là. C'est le problème de l'éphémère : le temps passe. Je me rappelle ces beaux vers de Boileau :
"Hâtons-nous, le temps fuit et nous traîne avec soi.
Le moment où je parle est déjà loin de moi."
Mon présent - ou ce qui était mon présent - est déjà du passé. Mais ce temps qui passe, ne passe pas entièrement. Par exemple, j'ai bavardé avec vous jeudi dernier. Nous pouvons dire que nous sommes autres aujourd'hui, car il nous est arrivé bien des choses au cours de cette semaine. Pourtant nous sommes les mêmes.(...) Autrement dit nous sommes un être qui change et qui reste permanent. Nous sommes des êtres essentiellement mystérieux. Que serions nous sans la mémoire?"
Borges, Conférences, "Le Temps".

samedi 16 janvier 2010

Pensées secrètes

Jean Despujol, La Pensée, musée de la Piscine, Roubaix, Novembre 2009.
Peut être est-il préférable pour l'ordre et le confort quotidien que les pensées de chacun restent secrètes et que l'appareil enregistreur de pensées, imaginé par Ralph Messenger, professeur de sciences cognitives et personnage principal du roman éponyme de David Lodge, reste un sujet de fiction... récit amusant et décapant, à recommander au demeurant...

vendredi 15 janvier 2010

l'amour fou

"L'amour (...) est le moment où un événement vient trouer l'existence. C'est ce qui explique "l'amour fou". Parce que l'amour est irréductible à toute loi. Il n'y a pas de loi de l'amour. Très souvent, l'art a représenté d'ailleurs, le caractère asocial de l'amour. Comme le dit la maxime populaire, après tout, "les amoureux sont seuls au monde". Ils sont seuls dépositaires de la différence à partir de laquelle ils expérimentent le monde. Le surréalisme exalte l'amour fou comme puissance événementielle hors la loi. La pensée de l'amour, c'est là aussi cette pensée qui se fait contre tout ordre, contre la puissance d'ordre de la loi."
A.Badiou, Eloge de l'amour.

jeudi 14 janvier 2010

blanches mains

Nord, Janvier 2010.

Ah comme nous voici transportés par ce titre évocateur aux temps des amours de Tristan et d'Yseut la blonde... ! Les deux amants ayant bu par mégarde le philtre d'amour qui ne leur était pas destiné, empruntent un chemin détourné et feront tout pour dissimuler leur passion sacrilège au roi Marc ... voici un gué bien aventureux et l'obligation pour "Iseut au cler visage" de recourir à un langage à double entente. Mais "Amour ne se peut celer" écrit Beroul... il semble que ce blanc chemin nous ait entraîné en plein roman courtois...

mercredi 13 janvier 2010

le Poème et l'Amour

"(...) les affinités entre le poème et la déclaration d'amour sont bien connues. Dans les deux cas, il y a un risque énorme que l'on fait endosser au langage. Il s'agit de prononcer une parole dont les effets, dans l'existence, peuvent être pratiquement infinis. C'est bien aussi le désir du poème. Les mots les plus simples se chargent alors d'une intensité presque insoutenable. Déclarer l'Amour, c'est passer de l'événement - rencontre au commencement d'une construction de vérité."
A.Badiou, Eloge de l'amour.

mardi 12 janvier 2010

L'hiver la poésie

Normandie, Décembre 2009.

Je me souviens de la terre gelée et de fruits mûrs comme une offrande
Du ciel tremblant
Et ton regard embue la vitre

Tes mains
cueillent et déchiffrent
doucement les oiseaux

Dehors la neige étale
Protège le silence
L'arbre en solitude
Le coeur qui bat au vent

Dedans
Ta voix coule en moi comme une onde
Et j'aimerais m'y fondre
Poser la tête
Ouvrir les paumes
Et danser doucement doucement
Rien que pour toi


Nasrine Tark, Vertiges.



lundi 11 janvier 2010

réinventer l'amour

"Je crois (...) que libéral et libertaire convergent vers l'idée que l'amour est un risque inutile. Et qu'on peut avoir d'un côté une espèce de conjugalité préparée qui se poursuivra dans la douceur de la consommation et de l'autre des arrangements sexuels plaisants et remplis de jouissance, en faisant l'économie de la passion. De ce point de vue, je pense réellement que l'amour, dans le monde tel qu'il est, est pris dans cette étreinte, dans cet encerclement, et qu'il est, à ce titre, menacé. Et je crois que c'est une tâche philosophique, parmi d'autres, de le défendre. Ce qui suppose, probablement, comme le disait le poète Rimbaud, qu'il faille le réinventer aussi. Ca ne peut pas être une défensive par la simple conservation des choses. Le monde est en effet rempli de nouveautés et l'amour doit aussi être pris dans cette novation. Il faut réinventer le risque et l'aventure, contre la sécurité et le confort."
A.Badiou, Eloge de l'amour.

dimanche 10 janvier 2010

Feuilletage

Jordanie, Décembre 2009.
"Je vais te dire un grand secret Je ne sais pas
Parler du temps qui te ressemble
Je ne sais pas parler de toi je fais semblant
Comme ceux très longtemps sur le quai d'une gare
Qui agitent la main après que les trains sont partis
Et le poignet s'éteint du poids nouveau des larmes"


Aragon, Elsa.

samedi 9 janvier 2010

Petits soins

enseigne de pharmacie, Belgique.
Campagne de vaccination, grippes, maladies infantiles, maux de gorge... prenez soin de vous...Tiens, ça me rappelle le travail de Sophie Calle, vous connaissez ?

"Je n'ai jamais compris pourquoi tu as pris soin de mon âme
On en trouve à la pelle des comme ça"
Aragon, Elsa.

jeudi 7 janvier 2010

les pins


Andernoos, Janvier 2010.
Juste un petit rappel pour ne pas oublier que dans certaines régions de France, on se promène sous la douceur des pins dans le jour qui décline... au mois de Janvier... quand d'autres déneigent les trottoirs pour sortir de chez eux...

mardi 5 janvier 2010

cousue de fils



installation Ball & Nogues, Feathered edge III, expo Insiders, entrepôt Lainé, Bordeaux, Janvier 2010.
Qu'est-ce que la réalité? De quels fils visibles et invisibles se tisse t'elle pour chacun d'entre nous ...? ma réalité est-elle la tienne ? Ce réseau de signifiants fait-il sens pour toi ? Peut on jamais partager vraiment sans se perdre dans les croisements, dans le réseau des relations et perceptions qui fait système... comment se retrouver dans cet écheveau et tricoter ensemble quelque chose qui ait une forme identifiable? Désirable ?... Bah, l'art contemporain donne vraiment trop de fil à retordre...


lundi 4 janvier 2010

En route

Janvier 2010.

La promenade est finie. Retour au guidon. Allez, hop! Haut les coeurs !

dimanche 3 janvier 2010

Comme un cygne






Andernoos, Janvier 2010.
Il glissait comme une barque silencieuse sous les feux du jour qui s'éteint...


Sur le bassin


Andernoos, Janvier 2010.

Ô temps, suspends ton vol... envol d'étourneaux sur le bassin d'Arcachon. Tombée du jour 1 de l'an 2010...

samedi 2 janvier 2010

Demander la lune

Janvier 2010.

Tant qu'à faire des voeux... et si on demandait la lune...?

vendredi 1 janvier 2010

De tout coeur

Graffiti, Bordelais, Décembre 2009.

Que pourrais-je te souhaiter pour cette nouvelle année qui s'ouvre?
Que pourrais-je te souhaiter à toi qui me lis au loin ?
Je te souhaite de trouver un luth et d'écrire la chanson. Les mots, tu les trouveras au fond de toi et tu leur donneras la couleur de tes rêves...
Des mots pour s'enflammer et pour vivre, avec passion...

S'enflammer

Flammes et fumée. 1907. Encre noire et gouache sur papier. Manufacture Trekhgornaya.
Comment disait-elle déjà la belle Cordière ?... Ah, oui :
"Je vis, je meurs, je me brûle et me noie
J'ai chaud extrême en endurant froidure
La vie m'est et trop molle et trop dure
J'ai grands ennuis entremêlés de joie"
(...)