Chagall, "l'attente sous le bouquet", 1938, musée de la Piscine, Roubaix.
Le tableau est intitulé "Dédié à Bella, ou l'attente sous le bouquet", on peut le contempler au musée de la Piscine qui consacre une très belle exposition à un aspect méconnu du travail de Chagall, la question du volume, sous un titre plein de promesses, "l'épaisseur des rêves". Le peintre invente des formes, des volumes, il taille, il colle, il met en scène et en couleur le bestiaire et les thèmes qui sont une marque de fabrique, la dualité, le portrait, le couple, la musique, le ballet... L'univers onirique de Chagall invite à interroger l'épaisseur des rêves, ce qu'ils disent de nous, de nos peurs et de nos espoirs, de nos mouvements du coeur et du corps.
Ainsi le jeune homme attend. L'arbre en fleurs tel une chevelure prodigieuse dit combien son attente est forte et envahissante. Il guette sa belle, la tête pleine de rêves qui le dominent et le détournent de sa lecture. Il n'est déjà plus là, tendu vers elle qui va venir sans doute, vers elle que son attente à lui rend déjà si présente, presque tangible, comme le sont certains rêves...
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mercredi 17 octobre 2012
vendredi 10 août 2012
Temps suspendu
...entre Garonne et Gironde, entre Juillet et Août, entre Nord et Sud, entre elle et lui, je fais le pont. Equation d'acrobate qui jongle entre deux vies. Garder les yeux au ciel, voir loin et s'accrocher aux branches...
dimanche 29 juillet 2012
samedi 16 juin 2012
dimanche 3 juin 2012
mardi 22 mai 2012
tous les mondes en soi
tous ceux qu'on porte...sur ses épaules ou dans son coeur...ceux de l'origine et ceux qui sont venus plus tard et qui bouillonnent...l'arbre de vie chargé de fruits...
dimanche 6 novembre 2011
clair obscur
mercredi 20 juillet 2011
La mémoire neuve
"Ce que j'ai fait, c'est écrire sur les gens et les événements qui furent importants pour moi, et dire la vérité bien que ne me fiant, ici et là, qu'à la seule mémoire. Votre langue est votre pays, disait Léautaud, mais on peut en dire autant de la mémoire qui est aussi, de par la marque qu'elle laisse, une aune à quoi se mesure la valeur des choses. Je suppose que l'on pourrait tout aussi bien soutenir le contraire, que ce que l'on choisit d'oublier est tout aussi révélateur, mais passons. (...)
Si vous pouvez voir un instant la vie comme une grande maison avec chambres d'enfants, séjour, salle à manger, chambres, bureau et ainsi de suite, aucune qui vous soit familière, mais toutes bien éclairées, les chapitres qui suivent équivalent, d'une certaine manière, à regarder par les fenêtres de cette maison. (...) Revisiter le passé était comme de traverser constamment un Bergschrund, le profond abîme entre ce qu'était ma vie avant que je ne la change complètement, et ce qu'elle fut par la suite.(...) J'ai donc écrit seulement sur certaines choses, l'essentiel à mes yeux. Tout le reste est banal."
James Salter, Une vie à brûler, préface.
mardi 5 juillet 2011
chapitre 2
Dans le coffre poussiéreux il y a toutes les dernières pages. L'encre sèche n'a pas perdu de son pouvoir et les mots presque effacés font encore mal. Comme toucher du bout des doigts une plaie mal refermée. On appuie sur la cicatrice boursouflée et la douleur remonte de loin. A l'époque j'écrivais tous les jours pour tenir. Pour donner un sens au chaos. La vie à l'envers. La vie malade. Comme un coureur qui s'échappe dans l'effort. Loin de son corps.
Le corps, je ne savais pas. C'est la part interdite de l'enfance, la part gelée.
le corps c'est d'abord cet homme nu dressé devant l'évier. Tout blanc. Debout dans la cuisine, il se rase. Les mains lourdes, solides, le dos large. Il met de l'eau partout et s'accroche aux murs, aux objets. C'est la première fois que je vois un corps nu. La chair. Le sexe mou. Les épaules. Mélange d'effroi et de fascination pour celui-ci que je connais et que je ne peux reconnaître comme mon grand-père. Le corps qui cherche sa place. Hésitant comme une bête qui se cogne dans l'arène. Si homme encore malgré l'âge et la cécité.
Bien plus tard il finit sa vie dans un lit de l'hôpital des mines, tousse et crache à mourir et je revois son corps d'avant maintenant replié sous les draps, sa vigueur imposante ce matin-là dans l'odeur du café bouilli et du savon à barbe. Dans le poste la voix de Pierre Bellemarre. C'est pour toujours la voix des séjours Fosse 13.
samedi 28 mai 2011
mercredi 4 mai 2011
dimanche 20 mars 2011
le promeneur du dimanche
Cannes, février 2011.
Il est âgé maintenant et chaque dimanche il revient sur ses pas. Il porte la veste trois quarts de ceux de son âge et il longe la croisette à l' infini, la tête sous le chapeau. Combien de temps déjà ? Qu'il arpente le bitume au milieu des gosses qui l'évitent. Tous les dimanche. Revenir. Marcher encore perdu dans ses pensées. Ses semelles de cuir gémissent en un bruit familier. L'air embaume les prémisses du printemps et la lumière vive le happe. Autour de lui les badauds s'égayent. Sur les bancs, des mères lorgnent le petit dernier. De jeunes couples s'enlacent à l'ombre des platanes, il peut entendre parfois le murmure doux de leurs ébats heureux. Il essaie de ne pas penser. Mettre un pied devant l'autre. Et puis encore un. Parfois il s'assoit et les pigeons viennent en gonflant le cou. Il fixe leur oeil. La paupière plissée, la prunelle insondable. Le balancement de leur marche bizarre dans les quignons de pain. Il observe ses mains. Les paumes ouvertes. Vides. Tachées. Avec le temps elles semblent s'être repliées et vivent rivées l'une à l'autre sans même qu'il s'en rende compte, dans son dos. Comme pour l'aider à avancer. Des témoins d'une autre époque. Il y a bien longtemps, elles le précédaient. Elles tenaient l'archer et prolongeaient ses bras pour embrasser la vie. Aujourd'hui elles touchent le banc vermoulu, l'effleurent du bout des doigts. Réminiscence. Frisson. Tendu des épaules aux reins sous la gabardine. Les sensations affluent, par vagues. Il plonge en lui comme un oiseau mort et la lumière du ciel l'envahit un court instant. Ce moment-là, la douceur du jour qui décline, l'épaule découverte en éclipse, le voile fleuri de sa jupe, les mains vives, les mains douces, affolées, qui courent pour saisir un genou rond et le rire chatoyant qui embrasse tout l'espace. Il se perd dans ce rire chaud, sous le manteau le coeur lui fend. Alors il ramène ses deux mains sur sa poitrine et s'oblige à respirer lentement. Il a froid. Il se lève et marche mécaniquement, le regard masqué sous ses lunettes embuées, le dos voûté, la mine grise de ceux qui sont restés bloqués ailleurs. Sur ses pas, un autre homme lui fait de l'ombre. Il voudrait bien lui échapper. Dans son dos, ses mains nouées tressaillent. Il faut rentrer.
mercredi 9 mars 2011
mardi 8 mars 2011
douleur de femme
"Notre corps nous appartient". 1967, 1971,1975 l'histoire de l'émancipation des femmes françaises passe d'abord par le droit à la contraception et à l'avortement. Si les femmes ont gagné ce droit à la maternité choisie, loin s'en faut de l'égalité dans le travail et dans le couple. Mais la domination masculine dont Bourdieu décrypte les mécanismes en passant par le détour de la société kabyle, s'exerce encore partout et chaque jour d'une manière directe et brutale, et ce, dans toutes les cultures et tous les milieux sociaux. Fléau mondial dénoncé par l'ONU sous l'égide de Kofi Annan en 2006, une femme sur trois dans le monde est victime de violences conjugales au moins une fois dans sa vie. A revoir en ce moment sur Arte, le très beau film des Trintignant, mère et fille, Victoire ou la douleur des femmes. Titre prophétique pour Marie Trintignant qui succomba à la violence d'un compagnon jaloux et saôul . Le slogan des années 1970 pour la liberté à disposer de son corps, si les résonances en ont changé, n'en fait pas moins écho multiple et douloureux.
mardi 15 février 2011
en quête
"Je fais beaucoup de choses seul. La solitude est très présente dans la vie du photographe. Il faut aimer la solitude pour être photographe. Je pense que j'étais prédisposé à aimer la solitude.(...) Cette solitude est nécessaire pour le regard. Je dis souvent que je suis comme un petit garçon en voyage, dans ma solitude de voyageur.(...) Dans un voyage, on évolue, on change, on se transforme. Et souvent, on rentre et tout est annulé par le retour. Il faut essayer de garder des traces. (...) pour que tout cela ne soit pas annulé par le retour et la fin de l'errance, pour que tout cela ne reparte pas dans le vent, pour recommencer la prochaine fois, recommencer toujours cette insatisfaction, cette quête. Que ça me fasse avancer, que j'arrive vers le bonheur, que je sois heureux. Souvent on me dit que j'ai une gravité naturelle, que j'ai une timidité, une insatisfaction dans mes propos... Il y a cette quête du lieu, cette quête du moi acceptable aussi. Il y a une quête de s'accepter."
Raymond Depardon, Errance.
mardi 1 février 2011
I'll be your guide
Une découverte à l'occasion d'un très joli film "Je vais bien, ne t'en fais pas" de Philippe Lioret. Ca parle de tout ce qui ne se dit jamais dans les familles et qui ronge. Des secrets. Des mensonges. De l'amour et des sentiments. Du frère et de la soeur. Des parents, des enfants. De la jeunesse et des rêves. Des abandons à l'ordinaire. De la distance et des liens de ceux qui vivent les uns à côté des autres. De la perte et de la reconstruction. Des histoires qu'on invente pour faire tenir la réalité lorsqu'elle se délite. En toile de fond, la chanson. Par delà la réalité, comme une voix chaude qui ne vous quitterait jamais : " For every step in any town of any thought, i'll be your guide..."
mercredi 15 décembre 2010
tatouée
jeudi 9 décembre 2010
samedi 4 décembre 2010
samedi 13 novembre 2010
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