mardi 30 mars 2010

la nuit des mille et une nuits

"Juvenal dit : ultra Auroram et Gangem, au delà de l'aurore et du Gange. Tout l'Orient pour moi tient dans ces quatre mots."
" Au quinzième siècle on rassemble à Alexandrie, la ville d'Alexandre Bicorne, une série de contes. Ces contes, pense-t-on, viennent d'ailleurs. On les aurait racontés d'abord en Inde, puis en Perse, puis en Asie mineure et, finalement, on les aurait écrits en arabe et rassemblés au Caire. C'est le Livre des mille et une nuits.
Je voudrais m'arrêter à ce titre, c'est un des plus beaux du monde, aussi beau, je crois, que celui de Dunne, si différent, que j'ai cité l'autre fois: An Experiment with Time.
Celui d'aujourd'hui a une autre sorte de beauté. Je crois qu'elle vient du fait que pour nous le mot "mille" est presque synonyme d'"infini". Dire mille nuits c'est parler d'une infinité de nuits, de nuits nombreuses, innombrables. Dire "mille et une nuits" c'est ajouter une nuit à l'infini des nuits. Pensons à cette curieuse expression anglaise : parfois, au lieu de dire "pour toujours", for ever, on dit for ever and a day, "pour toujours plus un jour". On ajoute un jour au mot "toujours". Ce qui rappelle l'épigramme de Heine à une femme : "Je t'aimerai éternellement et même au delà."
L'idée d'infini est consubstantielle aux Mille et une Nuits.
Borges, Conférences, "Les mille et une Nuits".

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