vendredi 28 août 2009

Un jour

Saint-Valery en Caux, Mai 2009.

Tourettes sur loup, août 2009.
Un jour je serai comme celle-la.
Je regarderai la mer et penserai au temps où je humais le vent, au goût du sel sur les doigts, à l'odeur des embruns dans les cheveux de l' enfant. Je penserai qu'alors j'avais des bras pour hisser la voile et des yeux gourmands pour avaler le ciel. J'essaierai de me souvenir de la couleur de l'eau du port, des cris des goëlands qui guettent le chalut. Je poserai mon corps sur le banc et chausserai des lunettes noires. Parfois je me chaufferai au soleil normand et la vie sera douce.
Et puis, je serai comme celle-ci.
Sur le banc près des clématites, dans l'odeur de lavande. J'attends. Je vois passer des touristes. Ils prennent des photos. Moi, je sais que cela ne sert à rien. Ils perdent leur temps. On ne retient pas le temps. On ne peut pas préserver la vie. On perd les gens. On les aime et puis, on les perd. C'est comme ça. Un jour on aime et puis, un jour, quelques pauvres millions de secondes plus tard, on est tout seul. Avec soi. Et cette solitude là étreint le corps et le ronge parce qu'on sait qu'elle va durer, parce qu'on sait qu'on est dans la vérité. C'est le moment le plus dur de la vie, celui où l'on cesse d'y croire, de se battre, de raconter des histoires qui donnent envie d'avancer un peu plus loin. Le moment où l'on se voit comme ça, sur la photo, comme une pauvre vieille, sur un banc, seule.
Au Nord ou au Sud, peu importe.

2 commentaires:

  1. Bouleversée à la lecture de ce texte magnifique et si juste...
    comme il me parle ce soir...

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  2. Merci. Alors il aura été écrit pour toi. Et pour moi.

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