samedi 3 octobre 2009

"Soit, n'y pensons plus! dit-elle, Depuis j'y pense toujours..."

rose champennoise, 3 Octobre 2009.

Je ne songeais pas à Rose
Rose au bois vint avec moi
Nous parlions de quelque chose
Mais je ne sais plus de quoi

J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres ;
Son œil semblait dire : « Après ? »

Moi, seize ans, et l'air morose ;
Elle vingt ; ses yeux brillaient
Les rossignols chantaient Rose,
Et les merles me sifflaient.
Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches ;
Je ne vis pas son bras blanc.

Une eau courait, fraîche et creuse
Sur les mousses de velours
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds
Rose défit sa chaussure
Et mit d'un air ingénu
Son joli pied dans l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu
Je ne songeais pas à Rose
Rose au bois vint avec moi
Nous parlions de quelque chose
Mais je ne sais plus de quoi

Je ne savais que lui dire
Je la suivais dans le bois
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois
Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds
- Soit, n'y pensons plus ! Dit-elle
Depuis, j'y pense toujours

Victor Hugo, Vieille chanson du jeune temps.

1 commentaire:

  1. C'est devenu une très belle chanson mise en musique et chantée par Julos Beaucarne...Merci pour votre passage.

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