"Pour que le sens des mots soit absolument clair, Beethoven a inscrit en tête du dernier mouvement les mots : "Der Schwer gefasste Entschluss" - la décision gravement pesée.
Par cette allusion à Beethoven Thomas se trouvait déjà auprès de Tereza, car c'était elle qui l'avait forcé à acheter les disques des quatuors et des sonates de Beethoven.
Cette allusion était d'ailleurs plus opportune qu'il ne l'imaginait, car le directeur était mélomane. Avec un sourire serein, il dit doucement, imitant de la voix la mélodie de Beethoven : "Muss es sein ?" Le faut-il ?
Thomas dit encore une fois : "Oui, il le faut! Ja, es muss sein !"
A la différence de Parménide, Beethoven semblait considérer la pesanteur comme quelque chose de positif. "Der schwer gefasste Entschluss", la décision gravement pesée est associée à la voix du Destin ("es muss sein !"; la pesanteur, la nécessité et la valeur sont trois notions intrinsèquement liées : n'est grave que ce qui est nécessaire, n'a de valeur que ce qui pèse. (...)
Nous croyons tous qu'il est impensable que l'amour de notre vie puisse être quelque chose de léger, quelque chose qui ne pèse rien ; nous nous figurons que notre amour est ce qu'il devait être ; que sans lui notre vie ne serait pas notre vie. Nous nous persuadons que Beethoven en personne, morose et la crinière terrifiante, joue son "Es muss sein !" pour notre grand amour."
M.Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être.
Dans Goetz de BerlichingenActe II, Liebetraut, une guitare en main entonne :
RépondreSupprimer"...Epris de son âme
De si doux attraits,
Il livre à la flamme
Son arc et ses traits;
Et, ployant ses ailes
Au sein des plus belles,
Il court se loger
Pour n'en plus bouger.
Hei ! ei ! popeyo !"
Goethe