jeudi 18 février 2010

Jour mortel



Villeneuve d'Ascq, février 2010.
Il y a des jours comme ça où l'on pourrait se mettre une balle. C'est un jour où vous garez votre voiture sur un parking glauque. Il fait un froid de poule. Vous êtes seul et le vent souffle. Vous touchez des objets métalliques gelés pour pouvoir entrer dans des lieux vides. Dans ce lieu, tout est laid. Fonctionnel, sans âme. D'autant que les vivants ont déserté. Pas fous, les vivants, fréquentent pas des lieux pareils. Vous vous absorbez dans des données abstraites pour les oublier. Bientôt votre cerveau agit mécaniquement. Soulagement. Et puis de temps en temps vous reprenez conscience. Quelque chose en vous dit Stop. Remonte à la surface. Le temps s'est écoulé. Par la vitre grisaille et givre font écran. Ca ressemble à un jour hors du temps. Un instant l'idée vous traverse que l'enfer doit ressembler à ça. Du temps mou et gris sans que le sens ne se dessine. Vous partez à toutes jambes.
Dehors il fait froid. Glacial, ça fouette les jambes et coule dans le cou. Vous avez rendez-vous avec X. Vous priez pour qu'X soit de bonne humeur et vous fasse rire, challenge, vu votre état. Entre temps, C vous appelle pour vous annoncer son départ imminent à l'autre bout de monde. C'est merveilleux. Tout va de mieux en mieux. Vous vous jetez sur le siège de velours, le coeur à l'envers et demandez à X de quel film il s'agit. "Lebanon", un huis clos intégralement tourné dans un tank, sur le conflit Israël-Liban. Pouvait pas mieux tomber. Deux heures de vibrations le coeur en vrille, la vision cadrée par l'angle de tir du canon. A couper le souffle. Et l'appétit.
Vous rentrez. Vous appelez L. Le téléphone sonne dans le vide. Une émoticône sourit stupidement et dévale insolemment une piste virtuelle, des messages publicitaires envahissent votre écran, vous invitant à profiter des derniers jours de glisse. Vous jetez le téléphone en hurlant que vous détestez l'hiver, le froid, la neige et toute la panoplie de plaisirs délicieux qui l'accompagne. Vous vous vengez sans vergogne sur la glace rhum raisin en priant pour que personne ne vous surprenne... Demain est un autre jour...

2 commentaires:

  1. Mais la voix de Chet Baker met du baume au coeur... Je l'ai vu, peu avant sa fin tragique, au "New Morning" à Paris. Il était déjà très fatigué.

    Villeneuve d'Ascq : j'ai travaillé un an là-bas.
    Il manque certes parfois d'un peu de soleil !

    RépondreSupprimer
  2. la glace rhum raisin, hmmmm, finalement y a que ça de vrai....

    RépondreSupprimer

votre mot à dire?