jeudi 15 juillet 2010

mère courage

Port de Dunkerque, avril 2010.

Elle s'appelait Annie. Presque jeune encore dans un tout petit corps rongé par la vie. Cinq enfants à faire grandir et à nourrir, seule. Un travail qui fait vivre. Un travail précaire pour un petit salaire. Des yeux brillants et de la gouaille. Le verbe haut, sourire soleil. Plein de plans B pour vivre. Elle glane, elle pêche. C'est comme ça qu'elle les régale. Elle râle, elle rit, elle vit pour eux. Elle court et se donne sans compter. Elle raconte les années. A tenir bon contre vents et marées. En oubli des soucis, de la fatigue, des malheurs. A courir pour des heures. Pour du travail. En oubli d'elle. A compter tout ce qu'elle peut glaner pour eux. Elle est maigre, vive, frêle, gaie, triste, les bras tendus devant pour ne pas perdre. Elle tombe. Se relève, boîte, court encore. Tendue comme une corde. A se rompre. Et sa course à gagner l'entraîne devant, l'emporte, elle, si légère. Un coeur gros comme ça dans la poitrine qui s'emballe parfois et renâcle. Un coeur qui ne bat plus ce soir.

Le coeur gros, annie.

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