mercredi 20 juillet 2011

La mémoire neuve

"Ce que j'ai fait, c'est écrire sur les gens et les événements qui furent importants pour moi, et dire la vérité bien que ne me fiant, ici et là, qu'à la seule mémoire. Votre langue est votre pays, disait Léautaud, mais on peut en dire autant de la mémoire qui est aussi, de par la marque qu'elle laisse, une aune à quoi se mesure la valeur des choses. Je suppose que l'on pourrait tout aussi bien soutenir le contraire, que ce que l'on choisit d'oublier est tout aussi révélateur, mais passons. (...)

Si vous pouvez voir un instant la vie comme une grande maison avec chambres d'enfants, séjour, salle à manger, chambres, bureau et ainsi de suite, aucune qui vous soit familière, mais toutes bien éclairées, les chapitres qui suivent équivalent, d'une certaine manière, à regarder par les fenêtres de cette maison. (...) Revisiter le passé était comme de traverser constamment un Bergschrund, le profond abîme entre ce qu'était ma vie avant que je ne la change complètement, et ce qu'elle fut par la suite.(...) J'ai donc écrit seulement sur certaines choses, l'essentiel à mes yeux. Tout le reste est banal."


James Salter, Une vie à brûler, préface.

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