lundi 12 octobre 2009

De l'amour et de la liberté


"Je persiste : "Pour moi, il y a chez Don Juan une espèce de courage absurde. Ce pourrait être un héros de Camus, Mozart le comprenait parfaitement.(...)
Georges dodeline de la tête. S'il sourit encore, son regard trahit une profonde gravité. "Je ne crois pas que Don Giovanni" traite de l'amour. Mais de la liberté.
- Là, tu éludes la question. (...)
- Pourquoi entonneraient-ils, sinon, viva la libertà? Pour moi, c'est la clef de l'oeuvre. D'ailleurs, si on écoute attentivement, on entend la façon dont Mozart anticipe cette scène dans toutes les précédentes et comment il ne cesse de revenir jusqu'à la fin de l'oeuvre.
-A la toute fin, l'interromps-tu, Don Juan descend en enfer. Comme royaume de liberté, il y a mieux...
-Sauf si l'on considère que la liberté est justement de pouvoir choisir d'aller en enfer, et qu'il choisit d'y aller librement. Ce en quoi il finit par affirmer sa noblesse contrairement au pauvre Leporello, dont l'unique choix consiste à devoir se trouver un nouveau maître.
-Mais on ne peut tout de même pas dire qu'il n'est pas question d'amour dans Don Giovanni, tout de même! m'exclamé-je.
-Bien sûr que non. Mais pour Mozart, l'amour n'est que le test crucial. Afin de déterminer si un être est vraiment libre.
-Est-ce que tout doit se terminer en enfer? demandes-tu. C'est une vision très sombre de l'amour.
-Tout à fait. Mais ne trouves-tu pas que l'amour a quelque chose de sombre, fondamentalement ? dit George.
- Je croyais (je le taquine) que c'était toi qui plus tôt, te faisais l'avocat de la lumière!"
A son tour de lâcher : "Touché!" Mais il ajoute : "Peut-être, en fin de compte, n'y a t'il pas une grande différence entre la lumière et les ténèbres. Le problème, c'est notre façon de voir."
André Brink, in L'amour et l'oubli.

3 commentaires:

  1. Don Juan n'est pas un amoureux!
    C'est un séducteur, qui cherche surtout à se séduire lui-même à travers les femmes qu'il collectionne. Il ne cherche pas la liberté, il cherche l'Amour et s'achemine vers l'enfer qui n'est pour lui pas pire que cette éternelle déception.
    PP

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  2. Don Juan est l'œuvre la plus énigmatique du répertoire. On n'en fera jamais le tour ! L'œuvre est en elle-même un vaste questionnement : elle fascine !

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  3. Tout le plaisir de l’amour est dans les commencements ! écrivait Molière dans son Don Juan

    J'avais fait un billet sur Don Juan et les commentaires furent savoureux

    Ma passion predominante
    E la giovin principiante.
    Non si picca se sia ricca,
    Se sia bruta, se sia bella :
    Purché porti la gonnella
    Voi sapete quel che fa.

    Mais sa passion prédominante
    Est la jeune débutante.
    Il n’a cure qu’elle soit riche,
    Qu’elle soit laide, qu’elle soit belle :
    Pourvu qu’elle porte jupe
    Vous savez ce qu’il fait…



    ( extrait du livret de Don Giovanni))

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