mercredi 27 janvier 2010

La place

Martigues, été 2009.

Celle de Martigues où l'on aimerait retourner à l'ombre des platanes ou tout simplement celle de chacun d'entre nous et celle que nous occupons dans la vie d'autrui et qui définit l'essence des relations et leur sens ...
A lire absolument sur le sujet, l'écrit qui a fait connaître Annie Ernaux, La place, qui dit si bien le déchirement d'être d'un monde et d'un autre, simultanément. La conscience des origines, l'amour pour les parents cafetiers dans un petit village normand, des gens simples qui n'ont pas la maîtrise des codes et du langage, l'éloignement progressif sur le plan symbolique, de la sphère familiale, le regard tendu sur ce monde de l'enfance charnellement proche et devenu si lointain sur le plan culturel. La place dit tout cela, ou comment une femme de lettres porte sur elle-même, son parcours social et le monde d'où elle vient, un regard lucide et douloureux. La place, c'est celle qu'occupe le père, dont le corps est étendu devant la fille devenue femme qui retrace et déplie les fragments d'un attachement viscéral et d'un arrachement symbolique vécu comme une violence inéluctable. Annie Ernaux est également l'auteur d'une femme, récit bouleversant consacré cette fois à sa mère quelques années plus tard, dans lequel elle évoque la déchéance physique et psychologique de cette dernière, les tout derniers mois passés avec elle alors qu'elle perd ses capacités intellectuelles. Si les thèmes sont difficiles comme la vie, l'écriture est sans pathos, d'une grande retenue, et par là même d'une force et d'une densité que peu d'écrivains atteignent. Il faudrait encore parler de Passion simple, de Journal du dehors, de l'usage de la photo, et de tant d'autres... L'auteur de Les années, le dernier écrit publié, absolument magistral -et qui vient de sortir en Folio- mérite une lectrice inconditionnelle. Une voix unique à retrouver ici.

2 commentaires:

  1. nous avons beaucoup de lectures communes...
    bonne journée

    RépondreSupprimer
  2. Tenir sa place, être à sa place, y rester, prendre celle des autres, ou ne pas la prendre, la perdre, faire à la place de,...et celle de Martigues, balayée de soleil...

    RépondreSupprimer

votre mot à dire?