mardi 18 janvier 2011

mots de photographe

" J'ai donc passé des heures de félicité absolue, à découvrir cet immense archipel des images qui m'a autant cultivé que les études ou les voyages que j'ai pu faire ou ferai peut-être encore. Sans compter le plaisir presque gustatif que c'est que de cadrer, photographier, tirer soi-même, dans le silence de la chambre noire, les documents qu'on a dénichés. Quand mes trouvailles me faisaient fondre de plaisir, quand c'en était vraiment trop, je me débondais un peu en allant trouver mes savants collègues du "Musée d'histoire de la Réformation" pour leur montrer un frontispice d'une minéralogie allemande qui sentait un peu le fagot rosicrucien ou de ces traités de ces abbés hydro-électro"mécaniciens qui faisaient fureur dans les salons parisiens du XVIIIème siècle, où j'avais trouvé par exemple "petite échelle, fort officieuse, pouvant se rouler en la poche, et propice aux entreprises galantes".. Et je n'ai pas oublié le jour où, ouvrant le traité d'anatomie de Rivière, publié par Estienne (1545)(...) j'en avait décollé les pages avec un léger chuintement, l'encre, quatre siècle après l'édition, n'étant pas sèche. Journées entières de cette lanterne magique qui allait du XVème au XXème siècle, dans le silence et la lumière tamisée de cette petite officine et dans un "passé-présent" qui me montait à la tête."
N.Bouvier, la guerre à huit ans.

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