mardi 29 décembre 2009

Birth day

Lilas, 29 Décembre 2005.
Ma belle ma toute belle cet hiver là
La vitre givrée les giboulées gelées
Les routes glacées
Le vent cogne obstinément
J'attends
Depuis si longtemps
Je guette ta voix
Ma douce ma si douce
Ton regard de nuit
Comme une récompense
Le vent souffle encore
Ta paume dans mes mains
Enfant fée fragile
Lovée sur mon sein
Le bonheur tout bas
Se murmure Lilas.

lundi 28 décembre 2009

Voyager

Gare de Bordeaux saint Jean, Novembre 2009.

"Voyager, ça fait travailler l'imagination".

Voyage au bout de la nuit, LF.Céline.

Sur la route

Décembre 2009.

La route s'étire vers l'inconnu et le froid fait pleurer. Des champs gelés frappés de lumière crue ouvrent l'espace. Un arbre désolé élance ses bras nus.
Le sac à dos me scie l'épaule. J'ai besoin de chaleur. Je t'espère au bout de la route.

Si, par un jour d'hiver un voyageur...

Campagne normande, Décembre 2009.

dimanche 27 décembre 2009

Ocre et blanc

Saint Valery en Caux, Décembre 2009.

Saccage

Le Tréport, Décembre 2009.
Au Tréport, le bord de mer est saccagé par l'abus des enseignes de restauration qui pullulent et défigurent la promenade. Dommage... L'entrée du port, elle, reste magique, mais il faut garder le nez vers le large...


Déraison


"Vous me donnez l'impression de quelqu'un qui cherchait l'aventure mais qui ne le savait pas. Vous qui, pendant onze ans, avez rejeté toute expérience, qui vous êtes fermé à tout ce qui n'était pas votre écriture et vos méditations, vous qui avez strictement gardé votre existence sous clef, vous ne pouviez pas deviner. C'est seulement quand ce quelqu'un se retrouve dans la grande ville qu'il découvre qu'il veut à nouveau faire partie de la vie, et que la seule façon d'y parvenir c'est d'en passer par des coups de tête, des extravagances... bref, il est lui-même à la merci de pulsions totalement irrationnelles. Je parle à un homme rationnel et discipliné jusqu'à en devenir virtuellement inhumain, qui a perdu tout sens des proportions et qui s'est lancé dans une histoire sans issue de désirs déraisonnables. Et pourtant c'est bien ça, être dans la vie, non ? C'est bien ça, se fabriquer une vie. Vous savez que votre raison peut reprendre le dessus à tout instant - et si elle le fait, eh bien, adieu la vie, et l'instabilité qui est le propre de la vie. Le lot commun : l'instabilité."
P.Roth, Exit le fantôme.

samedi 26 décembre 2009

De moment en moment

"Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre ? Où mène t'il pour nous solliciter si fort ? Quels arbres et quels amis sont vivants derrière l'horizon de ses pierres, dans le lojntain miracle de la chaleur ? Nous sommes venus jusqu'ici car là où nous étions ce n'était plus possible. On nous tourmentait et on allait nous asservir. Le monde, de nos jours, est hostile aux Transparents. Une fois de plus, il a fallu partir... Et ce chemin, qui ressemblait à un long squelette, nous a conduit à un pays qui n'avait que son souffle pour escalader l'avenir. Comment montrer, sans les trahir, les choses simples dessinées entre le crépuscule et le ciel ? Par la vertu de la vie obstinée, dans la boucle du Temps artiste, entre la mort et la beauté."

René Char, Préface à La postérité du soleil d'A.Camus.

vendredi 25 décembre 2009

le Temps des Présents


Eglise Saint Martin Notre-Dame, Roubaix, Décembre 2009.

L'or, l'encens et la myrrhe pour les trois âges de la vie...

jeudi 24 décembre 2009

Le temps de lire

La lecture, René françois Xavier Prinet, avant 1914.


Encore un peu de temps pour respirer un peu... Un peu de silence et de recueillement avant les chants sirupeux, le bruit et la bombance... oui ? alors ceci, c'est dans "La postérité du soleil", et c'est sous la plume de Camus qui dialogue avec de très belles photographies d'Henriette Grindat, inspiré par la lecture des Feuillets d'Hypnos de Char. Trio de choc. Curieusement l'écriture d'Albert Camus se confond avec celle de Char, celle que l'on peut trouver dans Fureur et mystère ou dans les Matinaux. Le même poids de gravité retenue et puis la même densité solaire. Comme si Char lestait Camus d'un temps plus lourd et plus plein. Du temps des hommes.
Un extrait choisi, mais il manque la photo, il faudra que quelqu'un qui vous aime vous offre l'ouvrage...
"Tous les soirs je prenais ce sentier à peine tracé. Au loin, la cheminée fumait, les hirondelles criaient autour de la maison. Je voudrais reprendre ce chemin. Mon vieux chien mourrait de joie et je m'assiérais, comme un pauvre, sur la pierre de mon foyer."

mercredi 23 décembre 2009

Pour des yeux perdus.

"Lire, écrire, vivre : champs magnétiques où sont jetées les limailles des aventures, des chagrins, des hasards, des épisodes, des fragments, des blessures. C'était une bibliothèque entière de petits classeurs noirs et rouges où je consignais mes lectures. Ces classeurs me suivirent quarante ans durant dans la vallée de la Seine et dans la vallée de l'Yonne. Je ne savais plus si j'écrivais avec eux ou pour eux. Un jour on demanda à Ysaac Bashevis Singer pourquoi il persistait à rédiger ses livres en yiddish alors que tous ses lecteurs avaient été exterminés dans les camps de la mort.
- Pour leur ombre, répondit-il.
On écrit mieux pour les yeux de ceux que l'on aimait que dans le dessein de se soumettre au regard de ceux qui vous domineront.
On écrit pour des yeux perdus."

Pascal Quignard, La barque silencieuse.

mardi 22 décembre 2009

Soleil Slave

Soleil rayonnant décoré de cercles finissant en vaguelettes, étude pour un foulard, manufacture Trekhgornaya. 1930.

lundi 21 décembre 2009

les vertus

"Montrer son dos à la société, s'interrompre de croire, se détourner de tout ce qui est regard, préférer lire à surveiller, protéger ceux qui ont disparu des survivants qui les dénigrent, secourir ce qui n'est pas visible, voilà les vertus. Les rares qui ont l'unique courage de fuir surgissent au coeur de la forêt."

P.Quignard, La barque silencieuse.

dimanche 20 décembre 2009

Profondeur de champ


Villeneuve d'Ascq, Décembre 2009.

Elargissement

"Le large existe.



Ecrire déchire la compulsion de répétition du passé dans l'âme.
A quoi sert d'écrire ? A ne pas vivre mort.


Le large a inventé une place partout sur cette terre. Ce sont les livres. La lecture est ce qui élargit."

P.Quignard, La barque silencieuse.

vendredi 18 décembre 2009

les visages

Allen Macweeney, Charleston Farmhouse, New York.

jeudi 17 décembre 2009

Pause gourmande

Décembre 2009.

C'est là haut, tout là haut dans le grand Nord qu'on savoure les meilleurs cafés. On le boit noir et fort avec un peu de crème alors que la neige tombe au dehors. Il fait chaud dedans. Le temps est comme suspendu.

Fiat lux

Ciel de l'épeule, Décembre 2009.
A l'aube, le nez au ciel, rue du Luxembourg...

mercredi 16 décembre 2009

voyez comme on danse...

nu féminin dansant, Duncan Grant, expo le groupe Bloomsbury, Décembre 2009.

nu masculin dansant, Duncan Grant, expo le groupe Bloomsbury, Décembre 2009.



lundi 14 décembre 2009

à mourir...

Nord, Décembre 2009.

et là-dessous leurs coeurs palpitent encore peut-être

et là-dessous peut-être ils crèvent de désir

de la lumière volée, de la douceur du jour

et lentement expirent

le souffle court, l'âme enfiévrée, la peau blessée

le parfum d'un amour hante leur lit funeste

les gestes de la mort ôtent toute équivoque

et dans un ballet fou ils cognent à la porte

ivres de vivre encore

assoiffés

suppliant qu'on leur laisse encore un moment

goûter et le miel et la terre et le vent

dimanche 13 décembre 2009

les oiseaux

Saint-Valery en Caux, Décembre 2009.
nuée d'ailes de goelands sur la maison biscornue...

samedi 12 décembre 2009

Duo

Haubourdin, Juin 2009.

Si tu t'imagines, fillette, fillette
Si tu t'imagines qu'ça va qu'ça va qu'ça
Va durer toujours, ce que tu te goures...

jeudi 10 décembre 2009

Corps à corps

Combat entre un tigre et un lion. Emile Joseph Alexandre Gouget. 1870. Musée de la Piscine, Roubaix, Novembre 2009.

Lequel va gagner ? Celui qui embrasse ou celui qui terrasse ? A vos paris...

mardi 8 décembre 2009

Deadline

expo Peter Klasen, Le Tri postal, Novembre 2009.

lundi 7 décembre 2009

La jetée

Jetée de Saint Valery en Caux, Décembre 2009.

Ce n'est qu'un au revoir...

samedi 5 décembre 2009

Callipyge

musée de la Piscine, Roubaix, Novembre 2009. Ἀφροδίτη Καλλίπυγος

Pour un peu, on l'entendrait qui murmure : "et mes fesses, tu les aimes mes fesses..?", avec la voix de BB dans le mépris...

vendredi 4 décembre 2009

Chercher


"Les hommes, dit le petit prince, ils s'enfournent dans les rapides, mais ils ne savent plus ce qu'ils cherchent. Alors ils s'agitent et tournent en rond...
Et il ajouta :
- Ce n'est pas la peine...
Le puits que nous avions atteint ne ressemblait pas aux puits sahariens. Les puits sahariens sont de simples trous creusés dans le sable. Celui-là ressemblait à un puits de village. Mais il n'y avait là aucun village, et je croyais rêver.
- C'est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt : la poulie, le seau et la corde...
Il rit, toucha la corde, fit jouer la poulie. Et la poulie gémit (...) Dans mes oreilles durait le chant de la poulie et, dans l'eau qui tremblait encore, je voyais trembler le soleil.
- J'ai soif de cette eau-là, dit le petit prince, donne-moi à boire...
Et je compris ce qu'il avait cherché !"

Saint Exupery, le petit prince.

mercredi 2 décembre 2009

Libre !

Port de Saint Valery en Caux, Novembre 2009.

Dans l'avant port le cri des goëlands affamés au retour des chaluts. La maison biscornue à l'angle marque l'entrée. De gros nuages cotonnent le ciel que la lumière troue. Et le promeneur se mire dans l'eau verte en humant le hareng frais. Il y a dans ce coin là un doux parfum de chez soi qui s'apprête à l'aventure. On aime plisser les yeux au loin à l'affût des côtes anglaises. Se perdre dans les plis des falaises taillées dans le vent. S'attarder sur les corps de marins aux doigts de sel séché.
Le rêve d'un voyage au long cours prend la couleur du jour.

lundi 30 novembre 2009

Avant l'orage

Ciel du Nord, Novembre 2009.

Un jour de Novembre

Une route du Nord

Non loin des Flandres

Le ciel lourd et gorgé

Menace de craquer

Bientôt la pluie. La lumière retombe.

Dehors, le monde. Et nous ici, en échappée.

Tes paupières lourdes, comme ce ciel là.

Comme la terre s'ouvre. Chaude et béante. Et sur le bord me voici qui tangue.

Vertige.

dimanche 29 novembre 2009

Au balcon

Bordeaux, 18 Novembre 2009.

Le bleu du ciel, la caresse d'un rayon automnal, un peignoir rose... Carpe diem...
Bon, d'accord, pas évident de prendre la même à Lille..!

samedi 28 novembre 2009

Retour de pêche

Les travailleurs de la mer (3). Saint Valery en Caux, Novembre 2009.

vendredi 27 novembre 2009

recréer le monde

Laurent Millet, nuée 008, 2008. Musée Malraux, Le Havre.

"La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable."
Charles Baudelaire.

jeudi 26 novembre 2009

l'échappée belle

Ciel du Nord, Novembre 2009.

Et sous le ciel de ce jour-là, il pourrait y avoir cette musique-.

L'infini


"Dis moi quel est ton infini, je saurai le sens de ton univers,
est ce l'infini de la mer ou du ciel, est-ce l'infini de la terre profonde (...)?"

G.Bachelard

mercredi 25 novembre 2009

de marbre

muses de la seine, A. Boucher, Musée de la Piscine, Roubaix, Novembre 2009.

Quand la pierre se fait chair... Visage impassible et poitrine dénudée, offerte aux regards et rivée à la pierre...
Provocante.

mardi 24 novembre 2009

Planer...

Saint Valery en Caux, Novembre 2009.

Allez là on se laisse un peu aller à planer... même si le poisson n'est pas loin et qu'il faut veiller au grain...

lundi 23 novembre 2009

A Quai

Les travailleurs de la mer (2). Saint Valery en Caux, Novembre 2009.


Retour de pêche. A quai. Au point mort et pris dans les rêts... Sac de noeuds...

dimanche 22 novembre 2009

le lieu commun

Etretat, Novembre 2009. Nocturne.

Falaises et barques jaunes à Etretat, E.Boudin, Musée Malraux Le Havre. Novembre 2009.


Etretat, Novembre 2009.

Le lieu commun. Marcher dans les traces des autres. Revenir sur mes pas. Et si la cohésion de notre être devait beaucoup aux lieux et aux routes...

samedi 21 novembre 2009

to play or not to play


" If you're going to play, play like it's the last time"

Keith Jarret, "Paris/London, Testament.

vendredi 20 novembre 2009

Ciels d'orage

Le Havre, Novembre 2009.

Ciel d'orage sur l'estuaire du Havre, E.Boudin, 1892-1896. Musée Malraux


Chose promise à Daniel... Les ciels exposés au Havre sont une pure merveille, en voici un aperçu pour vous qui habitez si loin...

jeudi 19 novembre 2009

Terre et Ciel

Christoph Keller, The whole earth, 2007. Musée Malraux, Le Havre.

mardi 17 novembre 2009

la mer, la vie, le havre

Le Havre, Novembre 2009.

Retrouver le Havre... la vie.

la mer, la vie

Etretat, Novembre 2009.

La marée je l'ai dans le coeur qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur, de mon enfance et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j'en laisse
Je suis le fantôme jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre
Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras
Au raz des rocs qui se consument
Ö l'ange des plaisirs perdus
Ö rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu'un chagrin de ma solitude
Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ö parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais, géométrisant,
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans des draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus,
Et toi fille verte, mon spleen
Les coquillages figurant
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu'on dirait l'Espagne livide
Dieux de granits, ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu'on pressent
Quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue,
Sur cette mer jamais étale
D'où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles
Cette rumeur qui vient de là
Sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue, aux musiques mortes
C'est fini, la mer, c'est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d'infini...
Quand la mer bergère m'appelle

Léo Ferré, La mémoire et la mer.

lundi 16 novembre 2009

le grand bain

La Piscine, Roubaix, Novembre 2009.
Sauter ou ne pas sauter... Rester les pieds au sec, statufié ou bien aller à l'eau au risque de boire la tasse...

samedi 14 novembre 2009

mecs


Y en a qui ont peut être besoin de se rassurer...
On se demande bien ce que doit donner dans ces conditions un département mecs normaux...

vendredi 13 novembre 2009

jeudi 12 novembre 2009

confier un secret...

Les causeuses, C.Claudel, La Piscine, Roubaix, Novembre 2009.

mercredi 11 novembre 2009

Campagne

Monneaux, Septembre 2009.
Allez hop, tout le monde à la campagne !

mardi 10 novembre 2009

une histoire de voix


"C'est à cela que ressemble, Tereza le sait, l'instant où naît l'amour : la femme ne résiste pas à la voix qui appelle son âme épouvantée; l'homme ne résiste pas à la femme dont l'âme devient attentive à sa voix."

M.Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être.

lundi 9 novembre 2009

le petit vélo

Saint Valery en Caux, Novembre 2009.
Petit vélo solitaire, en roue libre devant l'immensité...

dimanche 8 novembre 2009

Falaises

Saint Valery en Caux, Octobre 2009.
... me font penser à la terre aurifère des falaises de Pen Bé, là-bas au bout de la terre, à l'autre bout de ma vie. Le climat plus rude et la terre de caux, calcaire, résiste mieux aux chocs...

vendredi 6 novembre 2009

Es muss sein


"Pour que le sens des mots soit absolument clair, Beethoven a inscrit en tête du dernier mouvement les mots : "Der Schwer gefasste Entschluss" - la décision gravement pesée.
Par cette allusion à Beethoven Thomas se trouvait déjà auprès de Tereza, car c'était elle qui l'avait forcé à acheter les disques des quatuors et des sonates de Beethoven.
Cette allusion était d'ailleurs plus opportune qu'il ne l'imaginait, car le directeur était mélomane. Avec un sourire serein, il dit doucement, imitant de la voix la mélodie de Beethoven : "Muss es sein ?" Le faut-il ?
Thomas dit encore une fois : "Oui, il le faut! Ja, es muss sein !"
A la différence de Parménide, Beethoven semblait considérer la pesanteur comme quelque chose de positif. "Der schwer gefasste Entschluss", la décision gravement pesée est associée à la voix du Destin ("es muss sein !"; la pesanteur, la nécessité et la valeur sont trois notions intrinsèquement liées : n'est grave que ce qui est nécessaire, n'a de valeur que ce qui pèse. (...)
Nous croyons tous qu'il est impensable que l'amour de notre vie puisse être quelque chose de léger, quelque chose qui ne pèse rien ; nous nous figurons que notre amour est ce qu'il devait être ; que sans lui notre vie ne serait pas notre vie. Nous nous persuadons que Beethoven en personne, morose et la crinière terrifiante, joue son "Es muss sein !" pour notre grand amour."

M.Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être.

jeudi 5 novembre 2009

Dans la tranchée

Villeneuve d'Ascq, Juin 2009.

mercredi 4 novembre 2009

Photographie et Poésie

Si vous aimez la photographie, l'intelligence et la subtilité, vous pouvez aller voir là :
http://www.sylvainevaucher.com/index.html
de ma part...

les jeux de l'amour et de la narration


"Les jeux de l'amour ne sont-ils pas, en effet, une forme de narration ? Nos corps ne narrent-ils pas alors des histoires follement intimes sur eux-mêmes ? Chaque conte nocturne peut se lire comme un commentaire, voire comme un manuel sur le développement de la relation entre cet homme-là et cette femme-là ; ce qu'ils apprennent de l'amour prend racine dans la sagesse qu'elle (jeune vierge au départ !) instille dans ses contes.
Schéhérazade ne repousse pas simplement la mort en emprisonnant le roi dans les rets de sa narration : elle engage la conversation et la bataille avec la mort. Au bout de quelques nuits, il importe peu que le conte soit inachevé au matin : les procédés de la narration, son intrication (récit dans le récit dans le récit : Schéhérazade raconte l'histoire d'un pêcheur qui raconte l'histoire d'un autre pêcheur qui raconte l'histoire d'un troisième...), tout cela permet à la narratrice de prendre Châhriyar dans ses filets. Plusieurs contes sont des reflets des relations de Châhriyar avec les femmes, ou leur réfutation ou bien encore des défis qui leur sont lancés - mais jamais de manière simple et directe. Schéhérazade montre qu'il existe une variété infinie de possibilités : mille et une façons de gouverner, mille et une manière de négocier l'absence, de se comporter avec autrui, de se confronter à soi même, de faire l'amour. Elle libère ainsi son interlocuteur du piège des définitions étroites ou absolues de la vie, de l'amour, du bien et du mal, de la transgression et du châtiment, de la vengeance et du pardon."
André Brink, L'amour et l'oubli.

mardi 3 novembre 2009

remember

Berlin, église du souvenir, avril 2009.

Il y a des lieux comme ça qui restent à jamais marqués du souvenir et qui réveillent la mémoire morte quoi qu'on fasse. J'aime les villes pour leur géographie affective. En s'y promenant on peut s'y relire et mesurer les écarts. Epoustouflants parfois. Je marche dans les pas de celle que je fus. Je relis les rues, les parcs, la vie d'avant ...les "moi" du passé...
J'aime beaucoup Berlin pour ses traces. Les blessures qu'elle porte encore, juste à la surface ou à la périphérie. Déjà étouffées par les rénovations et pourtant sanguinolantes sous la peau neuve.
J'aimais beaucoup ce Berlin contrasté, ce mélange d'émotions violentes, cette âpreté sous l'objectif. La ville crie encore ce que fut le joug. Ce que fut la lutte. Elle crie avec ceux qui se sont écroulés au pied du mur et avec ceux qui l'ont franchi et ont trouvé de l'autre côté du miroir, un miroir aux alouettes...Et puis elle est lourde du passé de plomb, du cimetière juif, du mémorial de la déportation. Et puis elle est vaste et écrasante et surprenante d'espaces de l'Est, de grands boulevards, de places balayées par le vent qui déboule avec brutalité. A Berlin on peut marcher à l'infini dans Tiergarten sous les grands arbres majestueux, et puis marcher encore le long de Unter den Linden et poursuivre jusqu'à épuisement en traversant Alexanderplatz. A Berlin, on peut marcher et réfléchir, on peut prendre du champ, et sécher son âme, dans le vent...

lundi 2 novembre 2009

pêche à marée basse

Saint Valery en Caux, Octobre 2009.
Temps de relever les filets ?

dimanche 1 novembre 2009

Des métaphores


"Thomas ne savait pas, alors, que les métaphores sont une chose dangereuse.
On ne badine pas avec les métaphores. L'amour peut naître d'une seule métaphore."
M.Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être.